.CRITIQUE/
Anthony Braxton fait partie de l’aristocratie du Free jazz.
Fan de jeu d’échec, ce fumeur de pipe écrit en 1968 un album, qui sera le premier enregistré au saxophone en solo.
Au même titre qu’un Ornette Coleman ou qu’un Cecil Taylor, Anthony Braxton met en place sa propre théorie musicale appelée « tri-axium writing », faisant de lui l’un des artistes les plus radicaux de l’histoire du jazz.
Cet album de 1972 est en deux parties : le trio est composé avec Dave Holland et Phil Wilson et pour le quintet, on retrouve Barry Altschul à la batterie et la chanteuse Jeanne Lee.
Cet enregistrement est un instantané de la musique du saxophoniste, avant qu’elle ne prenne une forme plus complexe et parfois inabordable pour la majorité d’entre nous.
Coup de cœur aussi pour cette magnifique pochette. Ocollus
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full album……
Anthony Braxton, né le 4 juin 1945 à Chicago, est un compositeur, improvisateur et multi-instrumentiste (saxophoniste, clarinettiste, flûtiste, pianiste, etc.) américain. Reconnu pour son intégrité et son radicalisme, il est l’auteur d’une œuvre vaste et complexe, essentiellement en jazz, mais également en improvisation libre, en musique orchestrale et en opéra. Il a longtemps été membre de l’AACM (Association for Advancement of Creative Musicians), coopérative de musiciens de Chicago. wikipedia
Le temps a la capacité d’obscurcir certains détails du passé. Cette notion est évidente lorsqu’on examine l’œuvre de plusieurs décennies du compositeur visionnaire Anthony Braxton, dont la théorie restructuraliste Tri-Axium est aussi unique que la théorie harmolodique d’Ornette Coleman ou les structures unitaires de Cecil Taylor. L’utilisation par Braxton de structures de pulsation et de logiques multiples a longtemps encouragé une autonomie expressive considérable de la part des interprètes, mais l’esthétique idiosyncrasique du compositeur a généralement été attribuée à une sensibilité iconoclaste qui a involontairement sous-estimé son appartenance séminale à l’AACM – une organisation dont l’idéologie collective accorde une grande importance à la collaboration de groupe. Embrassant cette méthodologie communautaire plus que la plupart de ses albums, l’enregistrement en concert Trio & Quintet (Town Hall) 1972 documente certaines des expériences les plus intrigantes et embryonnaires de Braxton, conçues bien avant que ses concepts élaborés ne s’épanouissent dans les complexités déconcertantes qui ont fait sa renommée.
Les compositions numérotées/graphiques de Braxton, qui se comptent par centaines, ont englobé une multitude d’innovations techniques au fil des ans ; cet ensemble révèle la dynamique expansive de sa série Number 6 – réalisée dans une gamme d’approches allant de l’introspection austère à l’expressionnisme effronté. La première partie du concert présente les excursions obliques de Braxton à l’alto, soutenues par le contrebassiste Dave Holland et le batteur Philip Wilson. Le travail antérieur de Holland avec Braxton, le pianiste Chick Corea et le batteur Barry Altschul dans le super-groupe avant-gardiste Circle (1970-1971) confère à son rapport avec le leader un air intuitif et en roue libre. Le pizzicato virtuose de Holland et les accents légers de Wilson donnent aux envolées chromatiques fulgurantes de Braxton un courant sous-jacent souple à travers une gamme de dynamiques sonores extrêmes, tout en encadrant les interpolations lyriques d’une lecture abstraite de « All The Things You Are » par des notes de bas de page mélodiques et reconnaissables.
Les pièces pour quintette éclairent un aspect beaucoup plus ésotérique de l’esthétique singulière de Braxton. Dans cet ensemble élargi, Altschul remplace Wilson à la batterie et le multi-instrumentiste John Stubblefield sert de faire-valoir à Braxton, tandis que la chanteuse Jeanne Lee s’avance sur le devant de la scène. D’approche néoclassique, la seconde moitié de l’album passe d’un pointillisme aléatoire à des épisodes d’improvisation collective frénétique, la voix très expressive de Lee unissant un éventail kaléidoscopique de textures instrumentales, des mugissements de la clarinette contrebasse de Braxton aux cascades effervescentes du marimba d’Altschul. En plus d’égaler note pour note les cadences anguleuses du leader, Lee imprègne de finesse poétique les paroles quixotiques de Braxton sur la conclusion « Composition 6 P II », apportant une sensibilité majestueuse à une première période de l’œuvre de Braxton qui est cruellement sous-documentée, faisant de Trio & Quintet (Town Hall) 1972 une réédition tout à fait remarquable.
Town Hall Concert: Part 1
Composition I: S-37C-67B-F7 Dedicated To The Composer-Percussionist Jerome CooperComposition II: G-10 4ZI FK=47 Dedicated To The Composer-Pianist Frederic Rzewski
Composition II: G-10 4ZI FK=47 (Continued)
All The Things You Are
Town Hall Concert: Part 2
Composition III: W-12——B-46 C28-12…4 Dedicated To The Vocalist Jeanne Lee
Composition III: W-12——B-46 C28-12…4 (Continued)
Anthony Braxton : saxophone alto, saxophone soprano, flûte, clarinette contrebasse, clarinette soprano, clarinette en si bémol, percussions ; Dave Holland : contrebasse ; Philip Wilson : batterie (1, 2) ; John Stubblefield : saxophone ténor, flûte, clarinette basse, gong, percussions (3, 4) ; Jeanne Lee : voix (3, 4) ; Barry Altschul : batterie (3, 4).
Informations sur l’albumTitre : Trio & Quintet (Town Hall) 1972 | Année de sortie : 2011 | Label : Hat Hut Records

