
.CRITIQUE/
Aujourd’hui, c’est un 45T qui est mis à l’honneur avec ce film de Marcel Camus qui gagna la palme d’or à Cannes en 1959. Ce film reprend le mythe d’Orphée et Eurydice dans le contexte des favelas du Brésil.
La B.O. est composée par le must de la musique brésilienne : Vinicius De Moraes, Antoni Carlos Jobim, Luis Bonfa.
C’est une pièce de théâtre de Vinicius de Moraes qui inspira Marcel Camus à en faire un film. Ce film est un rêve éveillé : la beauté des acteurs et le rythme nous emmènent dans un tourbillon passionnel et coloré, mais aussi tragique…
La musique est primordiale dans ce film et certains morceaux resteront pour toujours des standards de la musique brésilienne, tels « Felicidade » et la version de « Manha De Carnaval » qui gravent dans l’éternité cette magnifique histoire d’amour intemporelle.
Magnifico ! Ocollus
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Orfeu Negro est un film musical franco-italo-brésilien de Marcel Camus sorti en 1959. Il est adapté d’une pièce de Vinícius de Moraes, Orfeu da Conceição (1956). Le film a reçu la Palme d’or au Festival de Cannes 1959, l’Oscar du meilleur film étranger et le Golden Globe Award pour le film étranger, tous deux en 1960.
Synopsis
Ce film réinterprète le mythe d’Orphée et d’Eurydice en le transposant de Thrace à Rio de Janeiro pendant le carnaval.
Orfeo est conducteur de tramway à Rio et Eurydice est une jeune campagnarde arrivant à la ville mais menacée par un inconnu, qui se réfugie chez sa cousine Sérafina. Tous deux se rencontrent la veille du carnaval. Pour éviter à Eurydice la jalousie de Mira, la fiancée d’Orfeo, Serafina lui prête son propre déguisement. Orphée et Eurydice vont s’aimer au milieu d’une ville en liesse. Mais le lendemain, elle sera démasquée.
Distribution
Pour sélectionner les acteurs sur les deux rôles titres, Marcel Camus, présent plusieurs mois avant le tournage à Rio de Janeiro, fait appel aux candidatures par le journal O Globo, indiquant chercher pour Orfeo « un garçon noir de 27 ans environ, mesurant entre 1,75 m et 1,80 m » et pour Eurydice « une jeune noire de 20 ans environ ». Il invite les candidats à se présenter à l’Alliance française de Rio, ou à envoyer leur photo « sans retouches et prises de préférence par un photographe amateur ». L’appel à candidature passionne les journaux brésiliens qui le reprennent dans leurs colonnes et une foule de jeunes gens se présentent. Mais finalement, Marcel Camus trouve l’acteur Breno Mello, pour le rôle principal masculin, au Fluminense Football Club où il est footballeur, et il retient pour le rôle principal féminin une danseuse nord-américaine, Marpessa Dawn. Autre particularité, l’interprète de la Mort est Adhemar Ferreira da Silva, athlète brésilien spécialisé dans la discipline du triple saut, à l’époque champion olympique et champion du monde.
Le film est une adaptation d’une pièce de théâtre de Vinícius de Moraes, Orfeu da Conceição, présentée pour la première fois en 1956. Conceição est une colline de Rio où s’est installée l’une des premières favelas.
Jean-Paul Delfino raconte la naissance de la pièce de théâtre, une anecdote obtenue de la dernière épouse de Vinícius de Moraes : « Je (Vinicius) me trouvais alors à Niteroi, dans la maison de mon cousin, l’architecte Carlos Leào. Et, un jour, à l’aube, alors que j’étais en train de penser à une histoire de la mythologie grecque, le mythe d’Orphée, (…) j’ai commencé à entendre d’un morne voisin, « O morro do Galvào », une batucada »[5]. Il eut alors l’idée de transposer les amours d’Orphée et d’Eurydice dans les favelas. La pièce fut écrite dès 1942, mais, faute de temps et de financement, elle ne fut pas montée.
En 1955, alors qu’il était à Paris, comme attaché culturel à l’ambassade du Brésil, il rencontra Sacha Gordine, à la recherche de scénario pour un film sur le Brésil. Vinícius lui présenta son projet de pièce puis ils allèrent ensemble au Brésil et là, alors que le projet du film se concrétisait, Vinícius trouva les financements nécessaires et monta la pièce dont la musique fut composée par Tom Jobim. La pièce a donc été créée le 25 septembre 1956, au Théâtre municipal de Rio, dans un décor d’Oscar Niemeyer, concomitamment au projet du film qui lui, a été tourné, avec l’arrivée de Marcel Camus, pendant l’automne 1958.
Certaines scènes, parmi les plus célèbres (favelas), ont été tournées sur le Morro da Babilonia[6], au-dessus de Leme (entre Copacabana et Urca). Marcel Camus a filmé le carnaval de Rio de 1958 mais n’en a retenu finalement que quelques images et échos sonores, préférant reconstituer les scènes de carnaval.
Bande son
Les chansons du film (parmi lesquelles figurent notamment A felicidade et Manhã de Carnaval), devenues des standards de la bossa nova et du jazz, ont été généralement composées par Antônio Carlos Jobim, Vinícius de Moraes et Luiz Bonfá. La direction musicale a été confiée par Marcel Camus à Antônio Carlos Jobim et la réalisation de la bande son donne lieu à de nombreux échanges entre Camus, Jobim et Moraes. M. Camus n’hésite pas à demander des modifications de paroles ou de lignes mélodiques. Il fait également jouer la concurrence. Les enregistrements, entre les mois d’août et de novembre 1958, réunissent de nombreux artistes, dont Antônio Carlos Jobim et Luiz Bonfá déjà cités, mais aussi Roberto Menescal pour les airs de bossa nova et Agostinho dos Santos et Elizeth Cardoso pour les airs de samba plus traditionnels. Elizeth Cardoso (Elizeth Moreira Cardoso) est l’interprète de « Manha de Carnaval » mais son nom n’est jamais mentionné sur les disques contenant des airs de la bande originale du film. Camus se fait aider de Cartola pour bénéficier des meilleures écoles de samba de l’époque pour les marches carnavalesques. Les chants traditionnels afro-brésiliens qui accompagnent la descente aux Enfers d’Orfeo sont quant à eux enregistrées in situ dans un lieu de culte de la macumba. L’ensemble, onze heures de musique, est synchronisé au printemps 1959 par Jobim. Une sélection est opérée par Marcel Camus, écartant par exemple une version d’A Felicidade, interprétée par João Gilberto, sonnant à son goût trop blanche. Les musiques et chansons retenues sont envoyées à Paris où le guitariste Henri Crolla enregistre les ultimes raccords.
Pour la version française, les acteurs doublant les personnages doublent également les chansons, notamment le chanteur John William (non crédité) qui interprète le rôle-titre d’Orphée dans la version française.
La bande originale a été publiée à la sortie du film par Philips.
Accueil critique
Cette œuvre cinématographique suscite l’enthousiasme quasi unanime de la critique européenne, bien que présentée le 12 mai 1959 au festival de Cannes en portugais sans aucun sous-titrage. Le choix d’acteurs noirs inconnus du grand public est une nouveauté et c’est considéré comme un choix courageux par une intelligentsia anticolonialo. Wikipedia
Felicidade 2:40
O Nosso Amor 2:20
Manha De Carnaval 2:50
Samba De Orfeu 2:13
