Hasan Yarimdunia – Gargona
Poster un commentaire1 février 2016 par OC
- CRITIQUE/
Voilà un grand monsieur que je voulais absolument épingler dans mon blog. C’est donc le 2ème disque de ce clarinettiste turc que je vous propose aujourd’hui.
Enregistré par le label (Innacor) d’Erik Marchand -éminent joueur de clarinette de culture bretonne (eh oui, il est plus facile d’aller vers les autres cultures quand on connait bien la sienne)- c’est dans la communauté Rom turque que cette musique nous emmène.
J’avais déjà vu Hasan Yarimdunia dans « Latcho Drom » de Tony Gatlif , dans la scène d’ Istanbul avec ce petit garçon qui joue du darbouka. Les roms mettent le « feu sacré » à toutes les musiques auxquelles ils s’adonnent, tantôt orientale, tantôt klezmer ou caucasienne. Et toujours avec une vivacité jubilatoire presque provocatrice.
Je vous laisse juger par vous même……. Ocollus
Cliquez pour écouter (ci-dessous)
Buschenska……
live
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Hasan Yarimdünia est né en 1945 à Gelibolu (Gallipoli), une petite ville portuaire des Dardanelles qui fut tristement célèbre par les combats qui eurent lieu lors du débarquement de 1915. Son père, originaire de Salonique, était déjà clarinettiste, son fils Tamer et son petit-fils Taner sont bien sûr clarinettistes. Il ne faut donc pas s’étonner qu’à l’état civil le nom de famille de Hasan soit Girnataci (clarinettiste). Yarimdünia – la moitié du monde – est le nom de scène qu’il a hérité de sa mère, une femme dont on remarquait la stature.
Hasan a commencé la musique à l’age de 7 ans par le violon qu’il abandonne 10 ans plus tard pour son instrument actuel. Il devient rapidement l’un des maîtres incontestés de la musique populaire rom (tsigane) et de la musique turque. Il interprète le répertoire de plusieurs régions privilégiant celui de la Thrace et des rives de la mer Egée. Ses intérêts dépassent la musique orientale ; certaines de ces compositions ou de ses improvisations s’inspirent des musiques grecque, roumaine ou macédonienne. Il a collaboré à des expériences fructueuses avec Okay Temiz ou Les Balkaniks. Son art s’exprime bien sûr dans les improvisations modales (taksim, pl. taksimleri) suivant les « chemins » complexes tracés par les modes de la musique turque (makam, pl. makamlar). Il est aussi un grand chef d’orchestre, travaillant dans le détail les nuances et les mises en place ; la réactivité n’est pas la moindre des qualités de son ensemble. La musique d’Hasan Yarimdünia est appréciée partout à travers le monde mais les sentiments qu’elle porte touchent profondément et souvent jusqu’aux larmes les Roms de Turquie et de Macédoine.
Erik Marchand
Hasan YARIMDÜNIA – Gargona (Innacor / L’Autre Distribution)
Le label breton initié par Erik MARCHAND, Jacky MOLARD et Bertrand DUPONT quitte de nouveau sa terroir breton de base pour nous emmener faire un nouveau tour en Turquie, à la (re)découverte de la musique du brillant clarinettiste Hasan YARIMDÜNIA, révélé entre autres par le film Latcho Drom de Tony GATLIF. Souvenez-vous, c’était déjà Hasan qui avait inauguré le catalogue Innacor avec l’album au titre en forme de carte de visite : Dardanelles, Turquie, Gelibolu, en 2006. Ce premier disque avait été une révélation ; ce second CD, Gargona, en est une somptueuse prolongation.
La musique de Hasan YARIMDÜNIA est – à l’image du détroit des Dardanelles qui fait communiquer la mer Égée et la mer de Marmara – à la croisée des mondes européen et oriental, des cultures tsiganes rom et des modes turcs (makam), englobant les répertoires populaire et classique de plusieurs régions de Turquie tout en s’inspirant des apports grecs, macédoniens, bulgares, roumains et faisant montre d’une aisance éblouissante avec les taksim (introductions modales improvisées des musiques turco-arabes).
Gargona n’est cependant pas plus un disque de soliste que ne l’était son prédécesseur. C’est encore une fois une musique de groupe qui se fait entendre ici, et qui plus est un groupe à caractère familial. Hasan YARIMDÜNIA y est accompagné une fois encore par Tamer GIRNATACI aux davul et daf et par Taner GIRNATACI à la derbuka. Or, il faut savoir que Hasan (dont le nom civil est GIRNATACI) est le père de Tamer, et que Tamer est le père de Taner. Rien que de très logique là-dedans… Les deux percussionnistes, au demeurant sacrément doués pour chauffer à blanc des phrasés rythmiques déments, sont eux aussi à l’occasion des clarinettistes, comme l’atteste cette danse bulgare, Bulchenska, qui fait entendre les trois générations GIRNATACI jouer du même instrument.
Sinon, les autres instruments solistes sont le violon de Bekir TOKSÖV, lui aussi présent sur le disque précédent, et le kanun (ou qanûn) d’Ibrahim SIRA, qui constitue LA grande nouveauté instrumentale de la formation de Gargona.
Les notes furieuses et tout à la fois gracieuses de cette cithare sur table très présente dans les musiques du bassin méditerranéen et du Moyen-Orient pimentent les débats solistes avec le violon et la clarinette. Le groupe continue d’explorer avec une inspiration dynamique et interactive divers makams, chansons et danses populaires, mais aussi une pièce du répertoire classique turc, et reprend un thème (Akbaba) du percussionniste Okay TEMIZ, avec qui a joué Hasan YARIMDÜNIA à l’époque de l’album Fis Fis Tziganes.
Entre embardées mélodiques échevelées et introspections teintées de mélancolies, la formation du clarinettiste promet un voyage de très haute volée qui fait fonction d’adjuvant aux oreilles avides d’horizons plus larges.
Label : www.innacor.com
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Hasan Yarimdünia clarinette
Tamer Girnataci davul, daf
Taner Girnataci derbuka
Ibrahim Sira kanun
Bekir Toksöv violon
1 Hìcaz Dolap 00:04:49
2 Akbaba (part 1) 00:02:13
3 Akbaba (Part 2) 00:03:43
4 Laço, Laço 00:03:40
5 Gargona 00:04:53
6 Çadirmin üstüne Sip Dedì Damladi 00:04:21
7 Kahir Mektubu 00:06:52
8 Bulchenska 00:03:57
9 Beyaz Gìyme 00:03:41
10 Tavas Zeybegì 00:04:24
11 Mastìka, Mastìka 00:03:39
12 Evelìm Sen Oldun 00:05:27
13 Açilan Bìr Gür Gibisìn & Bombìlì 00:06:42