Charles Mingus – Ah hum
Poster un commentaire9 mai 2016 par OC
- CRITIQUE/
C’est le premier disque de ce géant du jazz que j’évoque dans ce blog, car c’est à mes yeux l’album idéal pour découvrir ce monstre sacré !
Arrivé par la grande porte chez Columbia, il y enregistre le fameux « Fables of Faubus »: morceau dénonçant le discours raciste d’un sénateur de l’Arkansas (Orival Faubus). Malgré tout, le label ne lui autorisa pas de chanter ce titre sur ce disque, ce qui n’empêcha pas Charles Mingus de l’enregistrer « chanté » un peu plus tard chez le label Candid avec l’album « Mingus present Mingus » dans une version un peu plus free sous le nom de « Original fables of Faubus ».
Columbia est réputé pour ses studios et leur gros son, peut-être trop propre diront certains… On a l’impression d’écouter une compilation tellement les morceaux sont léchés, tant par leur orchestration parfaite et la classe qui s’en dégage, que par la finition et l’accompagnement par des musiciens fabuleux. C’est un disque où Mingus rend hommage à son propre panthéon jazzistique : Lester Young avec « Goodbye pork pie hat », Charlie Parker avec « Birds call », Duke Ellington avec « Open letter to Duke », Jelly Roll Morton avec « Jelly Roll ». Tous les ingrédients d’un disque historique sont là et on y retrouve Mingus sous tous ses aspects mais sans effusion et sans lyrisme exacerbé.
J’ai une petite préférence pour la ballade appelée « Self portrait in three colors » où le thème sous forme de boucle est joué trois fois, et à chaque fois y arrive un nouvel instrument en contrechant… Magnifique ! Ocollus
Cliquez pour écouter (ci-dessous)
Full album……
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Mingus Ah Um est un album de Charles Mingus mis sur le marché en 1959. Il est le prolongement du mouvement d’évolution vers le bebop, puis le free jazz, entamé avec Pithecanthropus Erectus 3 ans auparavant. Produit par Columbia Records, cet album reste l’un des plus importants de Charles Mingus, et aura une influence majeure sur les artistes qui suivront.
Avec ce premier disque pour Columbia, Mingus aligne, une fois de plus, une superbe collection de titres, comme à presque chacune de ses nouvelles apparitions sur un label (ce fût le cas avec « Pithecanthropus Erectus » chez Atlantic, et ce le sera sur Impulse! avec « The Black Saint and The Sinner Lady » d’ici peu). Contrairement à ses essais précédents, Mingus semble ici garder la volonté de ne pas trop se disperser en se concentrant sur chaque titre individuellement, apportant chacun une couleur qui lui est propre. Évoluant à sept musiciens parmi lesquels on retrouve les fidèles Booker Ervin, Horace Parlan, John Handy, Dannie Richmond, Jimmy Knepper et Shafi Hadi, la musique de « Mingus Ah Hum » possède ce côté maîtrisé qu’un brûlot comme « Blues & Roots », par exemple, ne laissait pas transparaître. Maîtrisée, la musique de Mingus l’a toujours été, et se doit de l’être quand on se permet autant d’excentricités mélodiques, harmoniques et rythmiques au sein d’une même pièce. Seulement la production quasi clinique de Teo Macero semble dépouiller la musique de Mingus de l’essentiel ; cette vibration, cette résonnance si particulière qui en fait une musique vivante. Teo Macero et Miles Davis, en dépit de leurs coups de gueules réguliers, étaient faits pour s’entendre tant ils partageaient une même vision des choses. Mais le côté abrupt et bourru de Mingus apparaît difficilement dans cette suite de titres pourtant brillants, au raffinement de plus en plus poussé. L’audacieuse ouverture de « Bird Calls » s’en sort avec les honneurs, mais pour le reste, l’album est couvert d’éloge pour des titres indispensables comme « Better Git It in Your Soul », « Goodbye Pork Pie Hat » ou le pamphlet « Fable of Faubus ». Avec « Mingus Ah Hum », on gravite autour du coeur de Mingus, on observe, on apprécie, on se délecte du spectacle, mais on n’y entre pas pour y prendre part comme c’était le cas autrefois. Progromonster
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1 Better Git It in Your Soul 7:23
2 Goodbye Pork Pie Hat 4:48
3 Boggie Stop Shuffle (edited LP version) 3:44
4 Self-Portrait in Three Colors 3:08
5 Open Letter to Duke 4:56
6 Bird Calls 3:14
7 Fables of Faubus 8:14
8 Pussy Cat Dues 6:29
9 Jelly Roll 4:02