Dr Alimantado – The best dressed chicken in town
130 mai 2016 par OC
- CRITIQUE/
Voici une pochette de disque qui tilte ! Débraillé, errant dans la rue, le pantalon ouvert sur un slip rouge, croisant un homme avec un paquet qui ne contient sûrement pas des « poireaux », fait au premier abord un effet détonant.
Ce disque est le premier disque du label Greensleves.
Dr Alimantado, de son vrai nom Winston James Thompson, officie dans la pure tradition des deejays, et avec cet enregistrement utilise riddims, morceaux et sons, empruntés aux maîtres du style des années 70 comme Lee Scratch Perry ou King Tubby… Que des merveilles ! Cette référence du reggae est une perle du genre et doit être à la bonne place dans toute bonne discographie de reggae qui se respecte… Ocollus
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Full album……
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Doctor Alimantado
Nationalité : Jamaïquain
Vrai nom : Winston James Thompson
Qui ne connaît pas « Burn for a Purpose » et « best dressed chicken », se doit de se plonger dans la biographie de Dr Alimantado…
De son vrai nom Winston James Thompson, Doctor Alimentado est né en 1952 à Kingston. Habitant l’un des ghettos les plus chauds de Kingston, il s’en sort grâce à sa foi en Rasta. Inspiré par son modèle U-Roy, il se lance comme deejay et écume les sound-systems de la capitale jamaïquaine. C’est Lee Perry qui lui offre sa première chance, mais malheureusement, l’album ne sortit jamais. Pas abattu pour un sou, il continue à aller frapper à la porte de producteurs et c’est finalement Dave Allen qui produit et sort son premier single en 1968 : Judgment ». Entre temps Doctor Alimantado change de pseudo : il passe ainsi de Winston Cool à Youth Winston, puis Ital Winston et Winston Prince. Déçu de ne pas avoir plus de proposition, il crée son propre label en 1974: Vital Food, et se choisit son surnom définitif : Doctor Alimantado. Fidèle à sa conception de la vie les thèmes qu’il aborde sont rastas. Ainsi ses premiers succès « Ride On » et « Oil Crisis ». Lee Perry revient à la charge et lui propose d’enregistrer dans son nouveau studio le Black Ark Studio. De cette collaboration naîtra en 1974 un classique du roots reggae : « Best dressed chicken ». le single posé sur un riddim d’Horace Andy connaît un grand succès jusqu’en Angleterre. Il enchaîne ensuite les succès avec « Weak Heart Is Babylon », « I Kill The Barber », « Poison Flour ». Il réchappe miraculeusement d’un accident de la route en 1976. De cette expérience, il trouve l’inspiration de « Reason for Living » et « Burn For a Purpose » ses plus grand succès. Ses titres tournent encore en boucle sur les platines de nombreux fans de reggae. Gageons qu’ils continueront encore longtemps. http://www.reggae.fr
La petite histoire raconte que ce DJ jamaïcain a accédé à la plus grande notoriété du jour au lendemain, grâce à une petite phrase lâchée par Johnny Rotten, des Sex Pistolls, au cours d’une interview. Le monde de la musique étant alors en pleine effervescence punk. Il faut bien avoir en tête que fin 70, début 80, les punks et les rastas se côtoyaient plus que ponctuellement, traînant les mêmes clubs, les mêmes disquaires, buvant la même bière. Les rapprochements ne manquent pas. Voir la reprise du Police And Thieves de Junior Murvin Par Joe Strummer et sa bande de Clash, par exemple.
La raison de ces rapprochements : une immigration jamaïcaine conséquente dans le quartier londonien de Brixton, des producteurs désireux de faire résonner le reggae plus largement, du premier tube sirupeux de Millie Small, My Boy Lollipop, parvenant à se hisser dans les premières places des charts anglais en 1964 à l’explosion de Bob Marley via un remixage complet de l’album Catch A Fire par le producteur Chris Blackwell (Island Records) pour le faire sonner plus rock, plus international. Blackwell est le premier à avoir compris qu’il fallait vendre les chanteurs jamaïcains comme des rock stars.
Par la suite, c’est carrément devenu une mode pour un musicien blanc d’aller enregistrer dans les studios de Kingston avec des musiciens jamaïcains : de Paul Simon, le précurseur, à notre Gainsbourg national, en passant pas Bob Dylan ou Eric Clapton, à qui on doit une reprise de I Shot The Sheriff, du même Bob Marley. Un carton.
Johnny Rotten, donc, lachant au détour d’une interview que son morceau préféré est Born For A Purpose dudit Doctor Alimantado. Un morceau qui commence comme un reggae classique, avec toutefois de belles envolées dub (par mal de révèrbe carillonnante) et qui s’achève par une longue instru, axée plutôt percussion. L’album dont le morceau est la chanson titre est sorti en 1981. il est plein de : Merci Lord, Merci Father, de Joe Fraser, de Jah Rastafari, et de Fire! Mais Doctor Alimantado avait déjà à son actif une bête d’album, devenu depuis classique parmi les classiques, pourtant passé inaperçu alors : Best Dressed Chicken In Town (1977), ou le mecton le mieux sapé de la ville… Tout un programme.
Sur la pochette, on voit le Doctor marcher au milieu de la rue vêtu d’un short noir débraillé, braguette ouverte, un morceau de slip rouge qui dépasse, torse nu, lunettes de soleil, locks détachées sur la nuque, des chaussures défoncées, portant une veste en jeans sur son épaule.
Best Dressed Chicken In Town… ou la contradiction faite icône. D’ailleurs toutes les pochettes de Dr Alimantado, du point de vue de l’imagerie, valent largement le détour : sur Born For A Purpose, une série de dix photos où on le voit dans diverses tenues : en survête en train de jouer au ping-pong, en militaire en train de faire son marché (spécialité jamaïcaine : voir l’article sur Jackie Mittoo), portant bonnet et écharpe rasta en train de méditer, les yeux portés sur l’horizon. Une belle déclinaison de docteurs. Sur Love Is il prend la pose sur une moto. Sur Wonderful Time, en costume gris trois pièces, il se fait braquer sur un pont à Paris. Entre-temps, les locks ont bien poussé. Elles lui tombent maintenant au milieu du dos.
Quant à sa musique : du pur deejaying : reprises de grands classiques (Johnny Clarke, Gregory Isaacs, Horace Andy, le fabuleux Ain’t no Sunshine d’Al Green), transformation des textes, avec différentes versions sur un riddim identique. Le tout écrit, chanté, produit et arrangé par les bons soins du docteur. Et toujours en coulisse, tirant des fils, actionnant des manettes : Jah feeling inside. http://jamaique-maque.over-blog.com
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1. Best Dressed Chicken In Town2. Just The Other Day3. Poison Flour4. Gimme Mi Gun5. I Killed The Barber6. Unitone Skank7. Can’t Conquer Natty Dreadlocks8. Ride On9. Plead I Cause10. I Shall Fear No Evil11. Ital Galore12. I Am The Greatest Says Muhammed Ali13. Johnny Was A Baker14. Tribute To The Duke
Je l’avais celui là mais content de voir que tu le comptes parmi tes pépites!!
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