Mississippi John Hurt – Last sessions
Poster un commentaire10 décembre 2017 par OC
- CRITIQUE/
Voici l’un des bluesmen dont j’ai le plus grand respect.
Aussi talentueux que discret, il est le symbole même du blues rural, qui dégage une aura d’une gentillesse rare dans le milieu du blues. C’est peut-être cette technique d’arpège à trois doigts qui définit le style si particulier de Mississippi John Hurt à la guitare.
Après quelques enregistrements dans le années 20, c’est avec d’autres stars de la country blues qu’il réapparaît dans les années 60 lors du revival blues. L’histoire veut qu’il se sentit hors-la-loi : quand 2 jeunes gens venus pour l’inviter à participer au Newport Blues festival se présentèrent sur le perron de sa maison, il crût que c’était des agents du FBI !
Malgré tout, il n’eut pas l’honneur de porter le badge réservé aux musiciens lors de ce festival, mais un badge d’invité comme peut le prouver une photo célèbre du chanteur.
Quelle merveille d’écouter ce chanteur, cette finesse, cette poésie…. Respect ! Ocollus
Cliquez pour écouter (ci-dessous)
Poor boy long ways from home……
Waiting for you……
Left the mermaids flirt with……
Nobody care for me ……
————————–
Mississippi John Hurt, né John Smith Hurt le 8 mars 1892 à Teoc, Mississippi et mort le 2 novembre 1966 à Avalon, Mississippi, est un chanteur et guitariste de blues et de folk américain. Sa musique est un mélange subtil de blues, de country, du bluegrass, de folk et de rock ‘n’ roll. Son style se caractérise par son jeu de guitare raffiné et sa voix douce.
À l’âge de 2 ans il part, avec sa famille, pour Avalon, une petite ville du Mississippi. Comme il passe la majeure partie de sa vie dans cet État du Sud, il est surnommé « Mississippi » John Hurt. Il étudie seul la guitare à l’âge de 9 ans et quitte l’école en 1902 pour travailler dans les champs de coton. Occasionnellement il joue dans des bals et à des soirées. Son idole est Jimmie Rodgers, une star de country. Très vite il développe son propre style avec une technique de pincement de cordes avec trois doigts, une technique reprise plus tard par Bob Dylan. Sa carrière débute en 1928 quand il est découvert par Okeh Records à Avalon. Cette année-là, il enregistre ses premiers titres de blues à Memphis (Tennessee), dont Frankie et Nobody’s Dirty Business, qui sortent en 78 tours chez Okeh Records.
Tommy Rockwell le fait ensuite venir à New York pour graver de nouveaux morceaux (« Candy Man », « Stack O Lee Blues »). Il y rencontre Lonnie Johnson. Le nom de Mississippi John Hurt plonge alors dans l’oubli pour n’en ressortir qu’en 1963 où, redécouvert par un musicologue, il enregistre de nouveaux titres à Washington. Il se produit ensuite au Newport Folk Festival, puis au Philadelphia Folk Festival. Il meurt d’une crise cardiaque le 2 novembre 1966 à Grenada au Mississippi. Wikipédia.
Vétéran du country-blues, Mississippi John Hurt a fait des petits sur un album hommage inégal, auquel on préférera trois rééditions merveilleuses.
Blues « J’ai rien fait de mal », aurait déclaré Mississippi John Hurt aux deux jeunes Blancs qui s’étaient présentés à sa porte un jour de 1963. Pour trouver Mississippi John Hurt, ils avaient écouté les paroles d’une de ses vieilles chansons enregistrée en 1928, Avalon Blues : « Avalon’s my home town, always on my mind », d’une voix confidente sur un riff de boogie altier. Pour trouver Avalon, ils s’étaient plongés dans un atlas de 1878 car aucune localité de ce nom ne figurait plus sur les cartes modernes du Mississippi. « La troisième boîte aux lettres sur la colline, vous pouvez pas le manquer », leur avait-on expliqué au magasin de Stinson. Mississippi John Hurt pensait avoir affaire à la police ou au FBI. Il avait 70 ans, aucune guitare à la maison, et ne savait pas que là-haut, dans les villes du Nord, il était devenu une légende mystérieuse du revival folk-blues ; que les quelques 78t que la firme Okeh lui avait fait enregistrer avec un succès mitigé en 1928 pour 240 dollars (plus les frais) avaient gravement changé la vie des quelques amateurs de blues ayant eu la chance de les trouver ; ni que deux de ses chansons figuraient depuis 1952 sur la magistrale Anthology of American Folk Music d’Harry Smith.
« Quand t’es dans le désert, depuis trop longtemps », chantait Jean-Patrick Capdevielle. Pour Mississippi John Hurt, la traversée du désert aura duré trente-cinq ans et ne l’aura pas empêché de vivre sa vie (faire quatorze enfants, travailler comme ouvrier agricole ou maneuvre). C’est donc en traînant les pieds qu’il allait suivre ses visiteurs et accepter leur invitation à reprendre la musique ; en traînant la voix qu’il allait devenir une sorte de vedette, nouveau héros de gars comme Dylan ou Pete Seeger, et enregistrer pour Vanguard (le grand label folk de l’époque).
Le grand avantage du revival folk-blues des années 60 ne fut pas seulement de réhabiliter d’immenses musiciens oubliés depuis les années 20-30, mais aussi de les réenregistrer dans des conditions phoniques décentes. Ainsi, dans leurs enregistrements les plus récents, on peut écouter les antiques Son House, Bukka White, Skip James ou Mississippi John Hurt à leur meilleur niveau, mais sans s’écorcher l’oreille. Du dernier, on peut entendre toutes les nuances et l’infinie délicatesse intactes sur The Immortal Mississippi John Hurt, Last Sessions et surtout Today!
Mississippi John Hurt tient une place à part dans l’histoire du vieux blues.
En 1928, sa musique avait la réputation d’être déjà démodée. Très éloigné de la violence, de la sexualité et des tourments émotionnels du blues d’avant-guerre, celui de Mississippi John Hurt semble doux, murmuré, élégiaque, cristallin, pacifique, presque timide. Selon Taj Mahal, qui n’a pas de problèmes d’audition, son envoûtant jeu de guitare en picking pouvait évoquer le son d’une kora. Du folk-blues joué au creux de l’oreille, par un type qui avait des choses importantes à dire. Si cette musique exceptionnelle (les enregistrements de 1928 comme ceux de 1963) résiste aussi bien au temps, c’est parce que son interprète semblait sculpté dans un bois tendre et précieux, aussi rare dans le blues que dans la musique, l’art et la vie en général : la bonté.
Trente-cinq ans après sa disparition, Mississippi John Hurt est honoré sur un tribute où se retrouve la crème du country-folk-blues américain. Après avoir gentiment évacué la moitié des participants, honnêtes moines copistes aux interprétations prévisibles, canaux bétonnés ou mares croupissantes plutôt que véritables affluents du Mississippi, on retiendra les prestations intimes et habitées de Ben Harper, Lucinda Williams, Beck et Gillian Welch. On rira un peu avec le plouquissime Geoff Muldaur (en famille). On notera que le cabossé Bill Morrissey (qui n’est sûrement pas l’ancien chanteur des Smiths) est accompagné par un harmoniciste nommé Cormac McCarthy (!). On regrettera pour finir l’absence sur ce tribute du Belge Olivier Andu, seul disciple un peu sérieux de Mississippi John Hurt mais on peut encore redécouvrir son premier album Dix Chansons pour kazoo (30 février/ Poplane) et lui éviter peut-être trente-cinq ans de traversée du désert. Stéphane Deschamps
———————————–
1 Poor Boy, Long Ways From Home 2:15
2 Boys, You’re Welcome 3:01
3 Joe Turner Blues 3:30
4 First Shot Missed Him 1:44
5 Farther Along 3:44
6 Funky Butt 1:58
7 Spider, Spider 1:33
8 Waiting For You 3:37
9 Shortnin’ Bread 2:16
10 Trouble, I’ve Had It All My Days 3:04
11 Let The Mermaids Flirt With Me 3:22
12 Good Morning, Carrie 1:57
13 Nobody Cares For Me 3:43
14 All Night Long 2:44
15 Hey, Honey, Right Away 2:02
16 You’ve Got To Die 3:28
17 Goodnight Irene