Anita O Day – Sings the winners
Poster un commentaire25 mars 2018 par OC
- CRITIQUE/
C’est sûrement une des plus grandes chanteuses à la peau blanche de l’histoire du Jazz.
Je précise peau blanche car cela lui valu, lors de certains concerts en Europe, des sorties de scène sous les quolibets quand une partie du public ne voyait en elle qu’une icône de l’Amérique blanche, en pleine revendication des droits sociaux aux États-Unis.
A mon avis le Jazz n’est ni noir, ni blanc, mais Américain !
Cette voix très à l’aise dans le bop, nous livre un disque de standards avec une aisance fantastique. Anita O Day est une artiste complète, avec un sens musical inouï, chantant parfois au quart de ton, se permettant même de rectifier certains arrangements auprès de grands musiciens.
J’adore cette chanteuse à l’humour désinvolte, même si je ne suis pas toujours fan de ceux qui font du scat. Allez, prenez votre dose de swing maintenant ! Ocollus
Cliquez pour écouter (ci-dessous)
Full album……
————————–
Anita O’Day, chanteuse américaine
Elégance, classe, science du phrasé et des rythmes, elle était une « grande dame de la chanson ».
LE MONDE | 25.11.2006 à 14h29 • Par Francis Marmande
La chanteuse américaine Anita O’Day est morte dans un hôpital de Los Angeles, jeudi 23 novembre, à l’âge de 87 ans.
En 1945, Anita O’Day remporte le prix Esquire. Depuis quand qualifie-t-on ce style de femme de « grande dame de la chanson » ? Depuis qu’on annonce avant même la sortie en salles un « film-culte » ? Ou avant le décollage d’un charter pourri, « Faites un voyage de rêve » ? Elégance, classe, science du phrasé et des rythmes, voix contrôlée à l’extrême, dans son cas, c’était vrai. Elle l’aura, au demeurant, payé au prix fort. Prison, huées, discrédit, rien n’aura manqué à la perfection de sa gloire.
Un établissement de l’Ile-Saint-Louis, le Franc-Pinot, a eu l’élégance de l’inviter trois soirs (du 29 juin au 1er juillet) en 2004. Bien entendu, elle ne chantait plus comme Anita, mais elle chantait encore comme Anita O’Day. Le New Morning l’a programmée en 1988. Ceci vaut réparation. Car en Europe où n’est pratiquement jamais venue une Marie Stallings, elle en a bavé. Autant les amateurs du premier cercle l’adulaient, autant les imbéciles ne se sont jamais trompés dans les traitements qu’ils lui ont fait subir.
A Comblain-la-Tour (Belgique), le 6 août 1966, elle quitte la scène à la sixième chanson sous un cocktail de sifflets, quolibets et de frites, chacun sa barquette en main. A Chaillot, le 17 octobre 1970, elle quitte la scène sous les horions d’apprentis gauchistes huant, les misérables, sa peau blanche, son magnifique chapeau et les gants noirs qu’elle avait enfilés pour eux. Les deux fois, on n’oubliera jamais, elle quitte la scène avec un sourire, un adieu de la main si gracieux, si inspiré, un adieu d’amante bafouée, exactement ce geste auquel s’entraîne sans grand succès, il faut bien le dire, la reine d’Angleterre depuis maintenant une bonne cinquantaine d’années.
GRÂCE ET DRÔLERIE
Née à Chicago (Illinois) le 18 octobre 1919, Anita O’Day a commencé de chanter et danser de chic à 12 ans. Puisqu’elle savait, elle n’a jamais eu besoin d’apprendre. A Chicago, avant la guerre, la scène musicale est particulièrement active. Elle entre dans l’orchestre de Gene Krupa en 1941. Premier séjour en cabane pour usage de marijuana. En matière pénale, l’Amérique n’a jamais fait de cadeaux aux musiciens de jazz, se montrant d’ailleurs d’une grande égalité de traitement devant les races, en l’affaire. Stan Kenton l’engage. Chanteuse de big band, ce n’est pas une mince aventure : faire face à la musique, à la chanson, au public n’est que pipeau à côté de l’affrontement des hommes de l’orchestre, du clan mâle, des musiciens sans concession. Faire face aux hommes qui vous voient de dos.
A partir de 1952, pendant une dizaine d’années, Anita O’Day enregistre pour Verve avec les stars (Oscar Peterson). Elle mène une carrière erratique, mal dirigée, soumise aux aléas des substances, revient en mal-aimée en Europe, mais dans l’orchestre de Benny Goodman qui sauve la mise, triomphe au Japon, habite chaque chanson comme un fragment d’autobiographie : qu’elle rédige d’ailleurs, sous le titre High Times, Hard Times.
On la voit dans Drum Crazy, le film de Don Weiss, Jazz On A Summer’s Day (1958). Les amateurs des sept premiers cercles ne se sont jamais lassés de ses performances, cet art du rare et du quart de ton, cette finesse du « husty-toned style », encore moins de sa grâce et de sa drôlerie qu’on pourrait nommer humour si cela n’expédiait l’ineffable côté « femme, trois fois femme » en elle, dont parle Musset. Demeurent, nombreux, mais sans chapeau ni gants, les albums. Le Monde
————————–
1. »Take the « A » Train » (Billy Strayhorn, Duke Ellington) – 2:48
2. »Tenderly » (Walter Gross, Jack Lawrence) – 2:38
3. »A Night in Tunisia » (Dizzy Gillespie) – 2:35
4. »Four » (Miles Davis) – 2:48
5. »Early Autumn » (Ralph Burns, Woody Herman, Johnny Mercer) – 3:08
6. »Four Brothers » (Jimmy Giuffre) – 2:23
7. »Sing, Sing, Sing » (Louis Prima) – 3:29
8. »My Funny Valentine » (Richard Rodgers, Lorenz Hart) – 3:34
9. »Frenesi » (Alberto Dominguez, Leonard Whitcup) – 3:01
10. »Body and Soul » (Edward Heyman, Robert Sour, Frank Eyton, Johnny Green) – 3:20
11. »What’s Your Story Morning Glory? » (Jack Lawrence, Paul Francis Webster, Mary Lou Williams) – 3:47
12. »Peanut Vendor » (L. Wolfe Gilbert, Moisés Simóns, Marion Sunshine) – 2:38