Curtis Mayfield – Superfly
Poster un commentaire12 février 2017 par OC
- CRITIQUE/
Nous voici en pleine Blaxploitation dans les années 70, ce mouvement cinématographique qui, en parallèle des standards imposés par Hollywood, vient magnifier et légitimer la culture afro-américaine dans le pays de l’oncle Sam.
Ce monument de la soul music vient, avec « Shaft » d’Isaac Hayes, graver une des plus belles plages musicales du genre tant par sa musicalité que par sa popularité. Cette BO est l’une des plus connues et aussi le meilleur des albums de Curtis Mayfield.
Un soul impeccable, des arrangements au cordeau, un chant d’une classe inouïe, voici réunie quintessence totale de tout ce que j’aime. Comment ne pas aimer d’ailleurs ?
J’ai une petite préférence pour le morceau « Freddy’s dead » que je prend toujours plaisir à ressusciter sur ma platine dès que l’occasion se présente… Ocollus
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Little child running wild……
Freddy ‘s dead……
Superfly……
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Superfly est la bande originale du film Superfly. Il est considéré comme un classique de la music soul des années 70.
Avec What’s Going On de Marvin Gaye, Superfly fut un pionnier parmi les albums concept dans la musique soul. Curtis Mayfield y dénonce les dealers qui sont les nouveaux esclavagistes de la jeune société métissée américaine. Il se situe dans la lignée d’Isaac Hayes (Les Nuits rouges de Harlem).
En 2003, l’album fut désigné 69e meilleur album de tous les temps par le magazine Rolling Stone. Wikipédia.
Le début des années soixante-dix voit naître la « Blaxploitation », courant cinématographique où les afro-américains occupent les premiers rôles et redorent le blason d’une population souvent délaissée par Hollywood.
Un cinéma communautaire dans lequel la musique, on l’imagine bien, joue un rôle important. La B.O. devient un passage obligé pour les grandes figures de la musique black. Peu feront pourtant de cet exercice un moment marquant de leur carrière. Isaac HAYES et Curtis MAYFIELD font presque figure d’exception puisque c’est avec leur best seller Shaft et Superfly qu’ils sont connus du grand public.
Superfly est un disque remarquable de constance et d’homogénéité. Tous les titres sont solides. Tous possèdent une idée forte exploitée avec intelligence. « Junkie Chase » est un générique de rêve pour toute bonne série télé qui se respecte. « Freddies Dead » déroule un funk cool et classieux que n’aurait pas renié PARLIAMENT. « Pusherman » et son texte malicieux sur des dealers prend toute sa dimension avec le diaporama de Gordon Parks. « Give Me Your Love » et « Think » enfin perpétuent une veine plus sentimentale sans rompre le ton urbain du disque.
MAYFIELD était le musicien idéal pour une blaxploitation. Son art s’imposait comme un prolongement naturel du genre. Dans ce film où dealers et camés sont à la fois noirs et blancs, ses textes trouvent un angle judicieux. Le parolier ne se laisse pas enfermer par le scénario et prend de la hauteur. L’univers des ghettos, les dangers de la drogue, les mœurs et quelques portraits bien sentis font vivre le disque au delà du film.
Il en va de même pour la musique qui cesse de sonner comme une B.O. une fois privée des images. Superfly s’apprécie alors comme un authentique album. L’influence du funk y est notable (« Junkie Chase », « Freddies Dead »). Le musicien y affirme aussi son goût pour la précision des arrangements. Cuivres, cordes, percussions, guitares et claviers sont assemblés avec un soin méticuleux. Ce disque montre une musique très réfléchie où la maîtrise l’emporte sur la fraîcheur. Les orchestrations sont millimétrées, les chansons calibrées. Un disque formellement inattaquable donc, mais pas aussi excitant que le premier Curtis car manquant de fougue et de folie, à quoi s’ajoute une majorité de titres lents qui rendent l’ensemble un peu linéaire.
Quoiqu’il en soit, Superfly est considéré comme la meilleure B.O. blaxploitation et plus largement comme le meilleur MAYFIELD. Curtis donne ici de l’efficacité à sa musique tout en restant fidèle au son chicagoan. Il donne surtout un sérieux coup de pouce à sa renommée en marquant d’une pierre noire l’histoire de la musique de film. Il devient en 1972 l’égal d’un Stevie WONDER ou d’un Marvin GAYE en terme de popularité. Carrière peu banale qui atteint déjà son sommet alors qu’elle vient juste de commencer. Forces parallèles
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1. Little Child Runnin’ Wild 5:23 2. Pusherman 4:50 3. Freddie’s Dead 5:27 4. Junkie Chase (instrumental) 1:36 5. Give Me Your Love (Love Song) 4:14 6. Eddie You Should Know Better 2:16 7. No Thing on Me (Cocaine Song) 4:53 8. Think (instrumental) 3:43 9. Superfly