Talking Heads – Speaking in tongues
Poster un commentaire2 septembre 2018 par OC
- CRITIQUE/
Découvert l’année de sa sortie, d’une cassette audio provenant d’un sac maculé de peinture d’un étudiant de l’Art Institut of Boston, ce disque marque pour moi la fin du Talking Heads des débuts.
Ce son très 80 que quelques puristes mal intentionnés mettraient volontiers en avant, cacherait-il un intérêt pour ce disque ? Des compositions et des arrangements que l’on doit pour la plupart à un français d’origine béninoise, spécialiste du synthétiseur et producteur, nommé Wally Badarou (Chris Blackwell, Black Uhuru, Salif Keita, Herbie Hancock, Marianne Faithfull…).
Mais c’est surtout le dernier disque des Talking Heads dans la lignée « Dance » comme il l’ont toujours fait, comme diraient certains : du « funk blanc ». L’équipe de musiciens est là. Jonathan Demme filmera le concert au Pantage Theater à Los Angeles en décembre 1983, l’historique, le phénoménal (et je pèse mes mots) : « Stop making sense » qui vient récapituler en live toute la carrière du groupe… et marquer la fin d’une époque !
N’oublions pas la présence du violoniste considéré comme le « Paganini de l’Inde », Lakshminarayanan Shankar plus connu sous le nom de L.Shankar sur le « Making Flippy Floppy ». Vient ensuite un des meilleurs morceaux de cet album et des Talking Heads pour clôturer ce disque : This Must Be the Place (Naive Melody)… Merveille du genre ! Ocollus
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Full album…..
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Après le premier essai 77, après la trilogie Eno et avant les pop rocks Little Creatures et True Stories, le groupe de David Byrne se paye le luxe d’un album de funk blanc chaud et dansant. Là où l’opus précédent Remain In Light (dans lequel Byrne et Eno transposent leur amour pour le rythme africain sur 8 morceaux punk-funk) se veut froid, groovy et surtout novateur, SIT se revendique lui comme « l’accomplissement de notre dance music » selon Byrne himself dans le livret. Dans SIT, exit Brian Eno. Pas d’expérimentations lentes et implicites mais des plages plutôt dansantes et amusantes, sur lesquelles on ne se prend pas la tête.
En tête d’affiche, un humour et des paroles signées David Byrne qui n’ont jamais été aussi amusantes…
Un mot tout d’abord sur la pochette. Qui tape à l’œil. Réalisée par David Byrne, cette pochette représente une sorte de tourbillon bleu avec des images de fauteuils renversés sur les quatre coins… Le Stop Making Sense n’est déjà pas très loin.
Lorsque l’on pose la galette sur la platine, on entend d’abord une guitare acoustique. Quelques notes qui viennent former l’arpège introductif a « Burning Down The House », LE tube des Talking Heads. Chanson pop couplée sur une rythmique groovy, entrecoupée de solos de synthé, le morceau ouvre d’une façon très explosive l’album. « Making Flippy Floppy » entre davantage dans cette notion de funk blanc, avec une constante évocation de Parliament tout du long, qui se fait ressentir avec le solo de guitare (?) au deux tiers du morceau. Le tout sur fond de chant a moitié hystérique de David Byrne. Rien de tel pour vous faire lever de votre chaise et vous donner une irrésistible envie de danser…
« Girlfriend Is Better » poursuit dans ce sillon, dans une optique plus humoristique (les paroles) et dansante encore avec cette ligne de synthbass très marquante. On s’imagine alors très bien le père Byrne en train de danser en Big Suit, tout comme dans le film qui tire son nom d’un des couplets de la chanson, Stop Making Sense. La suite et fin de la face A est un peu plus lente. Avec « Slippery People », les Talking Heads s’offrent une sorte d’hybride gospel-funk tout en rythmes et lignes de basses accrocheuses… La surprise vient plutôt de « I Get Wild » qui voit la bande à Byrne faire un écart assez amusant vers le reggae/dub…
La face B démarre sur une drôle d’histoire… « Swamp » propose encore une ligne de basse très entrainante sur laquelle s’ajoute la voix de Byrne, tantôt chantée tantôt parlée mais toujours amusante. Suit « Moon Rocks », l’un des morceaux les plus funkys du groupe. Quoiqu’un peu répétitif, le morceau présente une fois de plus un groove entrainant sur le thème de l’espace. Sorte de réponse toute aussi drôle des Heads au « There’s A Moon In The Sky » des B-52’s…
« Pull Up The Roots » fait mouche pour sa bassline très funk/disco et les synthés/guitares construits tout autour qui font du morceau l’un des plus dansants de l’album. Le dernier morceau n’est autre que « This Must Be The Place (Naive Melody) », un des grands classiques du groupe et l’une des rares chansons d’amour (si ce n’est la seule) écrite par David Byrne. Le gimmick est très pop, quoique possédant toujours ce groove qui colle de toute façon à la peau de tout le disque.
Cet album sera quasiment retraduit dans le format live lors de la tournée Stop Making Sense qui s’ensuivra après la sortie de l’album en 1983 et qui aboutira par le tournage du fameux film éponyme au Pantages Theater de Los Angeles. Cette tournée se déroula uniquement aux États-Unis pour la raison que Tina Weymouth (la bassiste), était enceinte. Le groupe ne pouvait donc pas se permettre une escapade mondiale pour présenter l’album. Les derniers concerts européens des Talking Heads eurent lieu mi-1982, avec des représentations live de quelques morceaux du premier album de David Byrne The Catherine Wheel ainsi que de quelques morceaux de SIT (a savoir « Swamp », « Slippery People » et « Moon Rocks »). Les derniers concerts en tant que tels du groupe eurent lieu au milieu de l’année 1984 pour accompagner la sortie du film.
On retient donc de Speaking In Tongues qu’il est un album parfait pour se détendre. Pas de « big deals » ici, mais neufs morceaux remplis de groove et d’humour quasiment tous parfait pour alimenter une playlist de fête. C’est en tout cas un album parfait pour découvrir les Talking Heads en douceur, même un lendemain de Nouvel An ! xsilence
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1. Burning Down the House 4:01
2. Making Flippy Floppy 4:34
3. Girlfriend Is Better 4:22
4. Slippery People 3:31
5. I Get Wild/Wild Gravity 4:07
6. Swamp 5:12
7. Moon Rocks 5:03
8. Pull Up the Roots 5:08
9. this Must Be the Place (Naive Melody) 4:53