John Coltrane – Giant steps

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27 janvier 2019 par OC


  • CRITIQUE/

Ce disque est sorti la même année que le Kind of blue de Miles Davis. Mais là où l’enregistrement de Miles va vers la simplicité, la profondeur, et magnifie pour l’histoire le style modal, celui de Coltrane démarre sur les chapeaux de roues et s’oppose complétement au Miles Davis évoqué.

Coltrane signe ici son 1er chef-d’œuvre, avec des compositions où la vivacité et la complexité viennent enterrer à jamais le mouvement Be bop. 

On y retrouve des chorus restés dans l’histoire, dont certains sont encore travaillés dans certaines écoles de Jazz. Le coté espiègle de « Syeeda’s Song Flute » ou la beauté transcendantale de « Naima » dont Linton Kwesi Johnson, poète du reggae, dira qu’il emmènerait ce titre sur une ile déserte !

Cet opus est une grande claque dans l’histoire du jazz ! D’ailleurs la pochette et le titre ne parle-t-ils pas d’eux-mêmes (voir la photo en contreplongée sur le musicien) ? A ce moment-là John Coltrane, technicien hors pair, est loin d’avoir fini son parcours qu’il mènera avec une fulgurance rarement atteinte.

Accrochez-vous ! Ce n’est qu’un début ! Ocollus

Cliquez pour écouter (ci-dessous)

Full album……

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L’album est enregistré peu de temps après Kind of Blue de Miles Davis. En l’espace de quelques semaines, John Coltrane marque de son empreinte l’histoire du jazz à deux reprises, mais avec des albums radicalement opposés. Si Kind of Blue ouvre les portes du jazz modal (c’est-à-dire libère l’improvisateur de la grille d’accords), Giant Steps « tue » le bebop en le portant à un degré de complexité jusqu’alors inégalé, en particulier pour les titres Giant Steps ou Countdown.

Giant Steps est le premier album de Coltrane publié en tant que leader pour Atlantic. Cela a son importance car Nesuhi Ertegün donne à Coltrane des moyens qu’il n’avait pas lors de ses sessions pour Prestige : le groupe peut se permettre d’enregistrer plusieurs prises, ce qui s’avère indispensable en raison de la complexité d’une partie du matériel. Giant Steps est alors l’album le plus personnel de John. Non seulement il signe les sept compositions, mais leurs titres sont assez personnels pour que la cousine de John, Mary, puisse parler d’album de famille.

Si Giant Steps n’est pas l’album le plus accompli de John Coltrane[réf. nécessaire], il n’en demeure pas moins que la richesse de ses compositions fera école : peu d’albums comptent autant de titres devenus de véritables standards (Naima, Giant Steps, Cousin Mary, Countdown et Mr. P.C. ).

Giant Steps est un album unique dans l’histoire du jazz. D’une part parce que Coltrane ne poussera pas plus loin l’expérience, sentant sans doute que le genre trouverait rapidement ses limites. D’autre part parce que, malgré ses défauts[C’est-à-dire ?], l’album n’en reste pas moins fascinant : Coltrane présente dès lors des qualités de compositeur et d’interprète hors du commun.

Le public parisien siffle Coltrane à l’Olympia alors qu’un journaliste du New York Daily News écrit : « L’avenir sort de son instrument. »

 

Pour autant, et aussi incroyable que cela puisse paraitre, le morceau ne sombre ni dans l’étude, ni dans la virtuosité gratuite. C’est justement le débit hallucinant du discours qui rend la composition fascinante, parce que véritablement habitée… tant que c’est Coltrane qui est aux commandes.

Cousin Mary

Cousin Mary revient à un style plus académique. Coltrane extrapole les 12 mesures du blues avec une grille d’accords originale, mais dont le feeling reste bluesy. La composition est dédiée à sa cousine, dont il fut très proche lors de ses premières années.

Countdown

Ici, Coltrane pousse plus loin encore ce qu’il a amorcé avec Giant Steps. Le saxophoniste est dans un premier temps seul en duo avec Art Taylor, Tommy Flanagan ne rentre qu’en cours de morceau, se contentant de placer les accords alors que Paul Chambers ne se lance dans une walking bass qu’en fin de plage.

Flanagan précisera par la suite que Coltrane voulait au départ intégrer une dernière composition intitulée Sweet Sioux, constituant la dernière partie d’une trilogie. Trop complexe, l’enregistrement de celle-ci ne fut pas satisfaisante. Celui-ci disparaitra malheureusement par la suite dans un incendie, restant à jamais inédit.

Spiral

C’est une composition originale brillante, dont les climats évoluent selon les passages. La structure présente une alternance entre une descente d’accords chromatique sur une pédale en ré, avec un autre passage en walking plus classique. Ce titre rend justice à Tommy Flanagan dont l’improvisation est ici de premier plan.

Syeeda’s Song Flute

Ce morceau, dont le titre renvoie à la belle-fille de Coltrane, ouvre la seconde face. C’est une composition dont le balancement rythmique, presque sautillant, sert à merveille un thème presque enfantin. Coltrane se montre là encore brillant compositeur. L’improvisation reprend un peu les choses où le titre précédent les avait laissé. Pourtant plus relâché que sur les première et troisième plages, le jeu de Coltrane n’en est pas moins dense, traversé d’une énergie de tous les instants. Tommy Flanagan et Paul Chambers profitent du tempo moins rapide de la composition pour développer leur solo respectif.

Naima

De tous les thèmes écrits pour Giant Steps, Naima est peut-être le plus émouvant de tous. Cette composition, qui porte le prénom de la première femme de John, est sans nul doute l’une de ses plus célèbres, et l’une de ses plus belles. Il continuera de jouer ce thème même lorsque Alice intègrera le groupe (Live At The Village Vanguard Again!). Coltrane, qui retrouve sur ce titre ses partenaires du groupe de Miles Davis, ne tombe jamais dans le sentimentalisme dans son interprétation. Naima fera l’objet de nombreuses reprises dans les années à venir : Archie Shepp reprendra la composition sur Four for Trane (1964), Pharoah Sanders sur Crescent With Love, sur Africa ainsi que New York Unit, McCoy Tyner sur Plays John Coltrane, David Murray sur Octet Plays Trane (où figure également une version de Giant Steps) ou David Liebman sur Joy.

Mr. P.C.

L’album se termine avec ce blues en mineur au tempo très rapide dédié à Paul Chambers, bassiste que Coltrane tenait en haute estime. Coltrane joue ici des phrases très rapides avec un son sans vibrato dans un style hard bop dont il ne cessera de s’éloigner dans les mois à venir. L’improvisation de Coltrane est un modèle du genre : il commence son solo sur les chapeaux de roue mais réussit néanmoins à ne jamais faire retomber l’intensité. Le solo de Flanagan, dans un contexte harmonique normal, montre que ce dernier savait faire mouche sur un tempo élevé. Avec les années, Mr. P.C. est devenu un standard parmi les musiciens de jazz. Wikipédia.

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1. Giant Steps 4:44
2. Cousin Mary 5:46
3. Countdown 2:22
4. Spiral 5:57
5. Syeeda’s Song Flute 7:01
6. Naima 4:22
7. Mr. P.C.

Une réflexion sur “John Coltrane – Giant steps

  1. ibonoco dit :

    Merci. Coltrane : un grand du jazz comme Charly Parker

    J’aime

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