Frank Zappa – Them or us
214 juin 2020 par OC
- CRITIQUE/
Frank Zappa signe ici son dernier disque studio avec une formation rock, c’est un disque patchwork : une sorte de « carte de visite » de l’univers de ce musicien iconoclaste et productif.
Comme un hommage à sa carrière, c’est aussi le moment pour lui de rassembler de nouveaux et d’anciens musiciens, stars ou pas (Steve Vai, Ile Willis, George Duke…), de nouveaux et plus vieux morceaux dont « Sharleena », et de faire jouer sa famille !
J’ai beaucoup écouté ce disque à sa sortie, pour la qualité des musiciens, mais surtout pour l’éclectisme des styles : doo-wop (The Closer You Are), métal gothique version 80 (Ya Hozna), humour, cabaret, onirisme, et rock avec cette reprise des Allman’s Brothers (Whippin’ Post) dont j’avoue ne pas connaître la version originale à l’époque.
Un album victime de son époque (son 80) mais d’une musicalité à toutes épreuves ! Ocollus
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full album……
Them or Us est un album rock de Frank Zappa sorti en octobre 1984.
C’est le dernier album studio de Frank Zappa avec un groupe de rock. Them and Us est marqué par la présence de Steve Vai qui signe les solos de Ya Hozna, Stevie’s Spanking (premier solo) et la réécriture de Sinister Footwear II et de Marqueson’s Chicken. À noter la présence de Dweezil Zappa, guitare solo sur Stevie’s Spanking et Sharleena, mais aussi d’anciens musiciens ayant joué avec Zappa : Napoleon Murphy Brock (chœurs sur In France et Be in My Video) et George Duke (piano sur Planet of My Dreams).
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1984. Après deux expériences orchestrales plus ou moins réussies, Frank ZAPPA revient à un album plus accessible. Them Or Us est composé de 14 chansons ou pièces musicales écrites pour groupe de rock, même si le mot doit être pris avec les habituelles réserves puisqu’il s’agit de ZAPPA. On considère généralement qu’il s’agit de son dernier album studio enregistré avec ce type de formation. C’est à peu près vrai, nous le verrons plus tard.
Il s’agit avant tout d’une collection de chansons. Si l’on retrouve le noyau dur qui accompagne ZAPPA à l’époque (Steve VAI, Chad Wackerman, Scott Thunes, etc.), on entend également pas mal de revenants (Napoleon Murphy Brock, Johnny « Guitar » Watson, George Duke, Ike Willis) et quelques membres de la famille (Moon Unit et Dweezil, respectivement fille et fils aînés de ZAPPA, Ahmet, son fils cadet). Il ne s’agit malheureusement pas d’une œuvre au sens où l’on entendrait une introduction, un développement, une conclusion. Plutôt une série de morceaux mis bout à bout avec plus ou moins de bonheur. Si l’on retrouve l’humour de ZAPPA, son goût de l’absurde, et bien sûr sa production impeccable, on s’ennuie souvent. Voilà, c’est dit. Pire, on a parfois l’impression d’écouter des fonds de tiroir. Pourquoi, par exemple, reprendre « Sharleena », déjà présent sur « Chunga’s Revenge » en 1970 ? L’arrangement reggaeoïde n’est pas très intéressant. Quant à l’introduction de Dweezil à la guitare solo, elle n’émeut guère. Pauvre Dweezil : écrasé par le talent de son père et de son professeur (Steve VAI), il n’est guère convaincant. Autre morceau dénué d’intérêt : « Ya Hozna ». Sur un riff plutôt pénible, ZAPPA mixe les voix… à l’envers. Nous sommes 1984, et ce qui était expérimental dans les années soixante est désormais un pénible artifice.
Alors, faut-il démolir cet album ? Eh bien non, pas entièrement. ZAPPA est multiple, il nous le prouve encore. Trois morceaux valent le détour à mes oreilles.
Malgré sa pesanteur et l’hystérie vocale de Bobby Martin, j’ai une petite faiblesse pour « Stevie’s Spanking ». Véritable cadeau pour Steve VAI qui, en dehors des habituels « Strat Abuses », a droit à un solo. Prendre un chorus de guitare sur un album de ZAPPA ? Pas sûr que quiconque y ait eu droit avant, à part Dweezil (qui en joue également un sur ce morceau), mais bon, quand on est le fils du taulier…. Le cadeau n’est toutefois pas entièrement gratuit : Steve VAI doit accepter de voir ses frasques sexuelles dévoilées. Quelques fessées, une groupie, une banane. Drôle et impeccable.
Deux autres morceaux valent également la peine de supporter le reste : « Marqueson’s Chicken », où l’on retrouve un condensé du talent d’orchestrateur de ZAPPA, et un honnête solo de guitare. Et puis, planant au-dessus de tout le reste avec la morgue des grands jours, « Sinister Footwear II ». On en a déjà entendu une première ébauche dans « Wild Love », sur « Sheik Yerbouti ». Un chorus nommé « Theme from the 3rd Movement of Sinister Footwear » apparaît sur « You Are What You Is ». Cette 3ème version est la bonne : une pépite, un de ces morceaux qui hantent tout amateur de ZAPPA. Commençant par un arpège, le morceau se construit et se complexifie au fur et à mesure, tous les instruments prenant leur place, jusqu’à un solo de guitare de très haute volée, très inspiré. Le tout sans démonstration de force, bien au contraire, mais avec l’élégante fluidité de ZAPPA, qui fait passer la complexité pour de la simplicité. Une merveille, qui justifie à elle seule de ne pas passer complètement son chemin.
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The Closer You Are (Earl Lewis, Morgan « Bobby » Robinson) – 2 min 55 s
In France – 3 min 30 s
Ya Hozna – 6 min 26 s
Sharleena – 4 min 33 s
Sinister Footwear II – 8 min 39 s
Truck Driver Divorce – 8 min 59 s
Stevie’s Spanking – 5 min 23 s
Baby, Take Your Teeth Out – 1 min 54 s
Marqueson’s Chicken – 7 min 33 s
Planet of My Dreams – 1 min 37 s
Be in My Video – 3 min 39 s
Them or Us – 5 min 23 s
Frogs with Dirty Little Lips (Frank Zappa, Ahmet Zappa) – 2 min 42 s
Whippin’ Post (Gregg Allman) – 7 min 32 s
La tournée de 1984 portera aussi le nom de Them or Us, c’est la dernière fois que je l’au vu sur scène, à la Beaujoire à Nantes, concert mémorable, mais son pourri ! Quant à l’anecdote de la reprise de Whipping Post sur l’album, l’origine en est le concert d’Helsinki en 1974, pour le dernier morceau du concert, un auditeur demande au groupe de jouer ce morceau…mais ce sera Montana !!! Mais je suis d’accord avec toi Olivier, cet album n’est surement pas le plus excitant parmi son immense production.
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Salut Patrick, Effectivement je me demande par rapport à l’anecdote sur Whipping Post, si dans une des séries de concerts « You cant do that on stage anymore » dans les années 80, il ne fait pas allusion a « Whipping Post… Montana….no ….. Whipping Post, mmontana…. » utilisant de ce fait cette anecdote en la tournant en effet de dérision sur scène. Je t’embrasse bien fort mon Patrick
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