Djivan Gasparyan – Soul of Armeny
Poster un commentaire27 novembre 2022 par OC
.CRITIQUE/
Voici l’ultime compilation du maître du Duduk, ce hautbois arménien qui peut aussi sonner comme un saxophone. Il fut remarqué en 1988 par le musicien Brian Eno, qui lança sa carrière hors de l’Arménie en le faisant connaître du grand public au travers des B.O. du film « La dernière tentation du Christ » de Martin Scorsese, et de « Gladiator » avec l’une des dernières scènes inoubliable !
Djivan Gasparian est mort en 2021 mais reste l’un des artistes portant le mieux l’âme de l’Arménie au-delà de ses frontières, racontant l’histoire et la souffrance d’un peuple blessé par un génocide et l’exil.
Ce son grave et profond est unique, empreint d’une forme de tristesse, différent bien sûr de la « saudade » portugaise mais tout aussi touchant, contemplatif et profond. Ocollus
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full album……
Inlassable ambassadeur de la musique arménienne, ce maître du duduk, sorte de hautbois du Caucase, n’a cessé d’exprimer la douleur de son peuple dans une musique saluée par Brian Eno ou Peter Gabriel, et qui l’emmena jusqu’à Hollywood. Il est mort le 6 juillet 2021 à Erevan, âgé de 92 ans.
À travers ses volutes chavirantes de tristesse, c’est tout le peuple arménien qui pleurait son martyre et le mal d’un pays brutalisé par l’Histoire. Djivan Gasparyan, maître du duduk (sorte de hautbois joué essentiellement dans le Caucase), qui fut le premier ambassadeur de la musique arménienne dans les années 1990 et conquit Hollywood, est mort le 6 juillet à Erevan, à l’âge de 92 ans. Mais son art, ses mélodies, avaient « depuis longtemps dépassé toutes les frontières de la réalité et franchi la ligne de l’éternité », rappelle aujourd’hui le président arménien Armen Sarkissian. En soixante-dix ans d’une carrière pourtant jonchée de collaborations prestigieuses (Peter Gabriel, Brian May, Lionel Richie, Kronos Quartet…), ce musicien discret n’aura jamais dévié de ses lentes complaintes. D’Erevan, où il s’illustra à 20 ans comme soliste de l’Orchestre philharmonique, il n’aura fait que moduler le même lamento sans âge, élégiaque et cathartique, étrangement réconfortant.
« Malgré la douleur que chacun porte en son cœur, il n’y a pas besoin de se lamenter. Nous devons continuer à vivre », disait-il. À sa façon, Djivan Gasparyan incarnait une forme de résilience. Né le 12 octobre 1928 dans une famille décimée par le génocide de 1915 par le régime ottoman, il portait comme de nombreux Arméniens le poids de deux mille ans de spoliations, de déportations et de discriminations.
Il est né et a grandi à Solak, ville peuplée de réfugiés située à quelques kilomètres de la capitale arménienne. Chez lui, on évoquait rarement les massacres de Mouch, le fief familial, où son père perdit quatre de ses six frères. Mais lui parlait volontiers de sa famille : un grand-père fermier, un autre berger, qui engloutissait des omelettes de vingt-cinq œufs et jurait comme un charretier, un père tailleur de pierres, qui prit les armes à l’adolescence dans l’armée rebelle arménienne.
D’Erevan à Los Angeles
C’est ce dernier qui lui apprit à jouer du duduk, dès que son fils eut 6 ans, et ce jusqu’à son départ pour le front en 1939. Au cours d’une enfance sombre, marquée par le deuil de sa mère (morte pendant la guerre), et passée en partie dans un orphelinat, ce petit hautbois rudimentaire et millénaire, taillé dans l’abricotier, lui apporta la lumière. Autant que le cinéma, qui nourrit son imaginaire dès son plus jeune âge. À 19 ans, il ne savait toujours pas lire la musique (il s’est inscrit au Conservatoire de musique d’Erevan à l’âge de… 52 ans) mais joua sur scène devant Staline en personne. Pendant trente ans, Djivan Gasparyan a ainsi tourné entre l’Arménie, où il a été le premier à être distingué comme « Artiste du peuple », et l’Union soviétique à partir des années 1970.
Brian Eno l’a entendu à Moscou, lors d’un concert en 1988. Le musicien britannique l’a invité à Londres et a réédité le fameux album I Will Not Be Sad in This World. Il l’a également présenté à Michael Brook, lequel a produit son premier véritable album international, Moon Shines at Night. La même année, Peter Gabriel a fait appel à lui pour la BO de La Dernière Tentation du Christ, de Martin Scorsese. Il y en eut beaucoup d’autres. « Djivan Gasparyan est l’un des musiciens les plus fascinants au monde. Il crée des sons sans âge, qui sont à la fois solitaires et obsédants », dit Hans Zimmer, compositeur d’une épique symphonie pour duduk sur la bande son du film Gladiator (2000).
Dans les années 2000, le maestro du duduk a continué de décliner les mélodies mélancoliques du folklore arménien en les croisant avec d’autres traditions du monde, en tandem avec le luthiste iranien Hossein Alizadeh, la vocaliste de Touva Sainkho Namtchylak ou le chanteur soufi pakistanais Nusrat Fateh Ali Khan – comme sur le double album The Soul of Armenia, 2007. Depuis quelques années, il se produisait souvent avec son petit-fils, Djivan Gasparyan Jr, qui laissa tomber ses études de médecine à Los Angeles pour embrasser une carrière de joueur de duduk dans un style « crossover ». Son grand-père espérait qu’un jour son héritier puisse retourner à Mouch, là où continue de s’enraciner la mémoire familiale. Lui-même a rendu son dernier souffle, mais le duduk, dont il a fait l’instrument cathartique de la diaspora, continuera longtemps de porter à l’international le blues poignant des apatrides. Telerama
CD 1
01. Djivan Gasparyan Duo: Machkal Es (The Ploughman) 4:51
02. Djivan Gasparyan Duo: Improvisation & Antsa Gnatsi (I’m Gone) 9:42
03. Andreas Vollenweider feat. Djivan Gasparyan: Hush My Heart 5:45
04. Djivan Gasparyan feat. Gogo Jangulian (piano): Gisherva Pesh (Like A Dark Night) 6:20
05. Djivan Gasparyan Quartet: Tamam Askharh Ptut Eka (I Have Been All Over The World) 4:03
06. Jessie Cook feat. Djivan Gasparyan: Red 4:50
07. Sainkho Namtchylak feat. Djivan Gasparyan: Naked Spirit 4:43
08. Djivan Gasparyan Duo: Ashkharums Akh Chim Kashi (I Will Not Be Sad) 6:18
09. Avedis String Orchestra feat. Djivan Gasparyan: Lamentum 3:35
Duduk and L. A. Classic Ensemble: “Komitas-Suite”:
10. Tsirani tsar (The Apricot Tree) 5:04
11. Dle Yaman 2:54
12. Yerkinkn Ampela (The Sky Is Cloudy) 5:55
13. Michael Brook feat. & Djivan Gasparyan & Nusrat Fateh Ali Khan: Elephant Pond 4:30
Total Playing Time: 68:45
CD 2
01. Djivan Gasparyan: Surb Im Sasani (My Holy Sasani) 3:29
02. Djivan Gasparyan feat. Julia Conigham (Harp): Kapuit Manushak (Blue Violet) 7:33
03. Hossein Alizadeh & Djivan Gasparyan: Sari Gallin/Sari Aghchick (The Blond Bride) 7:28
04. Avedis String Orchestra feat. Djivan Gasparyan: Holy of Holies 3:16
05. Djivan Gasparyan Trio: Nazani (Don’t be so coy) 3:42
06. Michael Brook feat. Djivan Gasparyan: Take my Heart 4:38
07. Djivan Gasparyan Trio: Menak Champord Em (The Lonely Wanderer) 5:55
08. Erkan Og˘ur & Djivan Gasparyan: Dönüs¸ yolu (The Way Back) 2:20
09. Djivan Gasparyan & Hovvakan Trio: Shepherd’s Song 6:53
10. Djivan Gasparyan & Armenian All Star Ensemble: Armenian Suite 23:02
11. Djivan Gasparyan and Duduk Quartet: Amen Hair Surb (All Fathers are Holy) 2:59
Total Playing Time: 71:15